jeudi 29 avril 2010
Présentation générale du Marigot de Mbao
Le marigot se trouve dans l'arrondissement de Mbao situé dans la région de Dakar et plus exactement dans le département et la ville de Pikine.
Le marigot se situe dans la zone des Niayes du Sénégal. Une Niaye est une succession de dunes et de dépressions interdunaires. Ces dépressions comportent de nombreuses mares liées aux fluctuations de la nappe phréatique. Elles possèdent une faune et flore très riche et diversifiée et sont propices aux cultures maraichères.
On observe deux saisons :
- la saison sèche sous l'influence des alizés maritimes issus de l'anticyclone des Açores.
- la saison pluvieuse et chaude ( hivernage) de juin à octobre due à la mousson guinéenne. Les précipitations sont peu abondantes et très variables. La moyenne annuelle est de 500 mm. Ces deux dernières années, les précipitations annuelles sont supérieurs à la moyenne.
Le marigot, plan d'eau stagnante, est divisé en trois parties autrefois reliées entre elles :
- La première partie, en amont, est bloquée par les quartiers de Medina et Kamb. Ensuite, le marigot traverse la forêt classée de Mbao et passe à proximité des quartiers de Keur Mbaye Fall, Keur Mbaye Fall Extension, Promocap, Diagnenar, Grand Mbao et de Gokh.
- La seconde partie se trouve entre petit Mbao et Gokh
- La troisième partie est dans la zone industrielle de Mbao.
Il est alimenté par les eaux de pluie qui ruissèlent depuis Mboro, commune située à 40 km de Mbao.
En période d'hivernage et de marée haute, le marigot subit des intrusions de l'océan.
Présentation générale du Marigot de Mbao
Historique
Le marigot, avant la forte urbanisation de la région de Dakar, était un lac. Il n'y avait aucun échange entre le marigot et l'Océan : les eaux de celui-ci étaient douces. La mangrove, composée de palétuviers, était importante à cet endroit.
La pêche et le maraîchage représentaient les principales activités du marigot et ils étaient une source de nutrition et de revenus pour la population locale.
Sur la photo, on remarque que le marigot était relié avec le plan d'eau situé au Sud-Ouest.
1er Problème : Salinisation
Tout d'abord, l'exploitation du lit du marigot lors de la période de sécheresse a rétréci considérablement sont lit.
De plus, la forte pression humaine entraine une surexploitation de l'eau ainsi qu'une dégradation des milieux côtiers et de leurs couverts végétales (désertification).
De ce fait, en période d'hivernage, les eaux du marigot et les eaux océaniques peuvent se mélanger et cela entraine l'avancé du biseau salée dans l'intérieur des terres par le biais du marigot. Ces eaux salées ont également progressivement contaminé, en profondeur, la nappe phréatique à eau douce des sables des dunes quaternaires.
En blanc sur la photo, on peut remarquer, après évaporation de l'eau, le sel restant sur le sol lors de la saison sèche.
Remarque : Le sel est exploité sur la partie située entre petit Mbao et Gokh
2ème Problème : Pollutions non naturelles
Trois grands types de pollutions non naturelles sont présentes sur le marigot :
- la pollution domestique avec notamment les rejets d'eaux usées, les dépôts d'ordures ou encore les lessivage des déchets par la pluie ...
- la pollution agricole notamment due aux excrétas du bétail, et à l'emploi de produits phytosanitaires et d'engrais par les agriculteurs. Ce type de pollution reste cependant très faible sur notre zone d'étude.
- la pollution industrielle : cette pollution a essentiellement lieu dans la zone industrielle de Mbao. En effet, une usine de tannerie déverse ses eaux usées dans un canal qui rejoignent ensuite le marigot. Dans cette partie, le marigot est très fortement dégradé avec des eaux de couleurs roses à vertes et représente un énorme risque environnementale et sanitaire.
3ème Problème : Constructions anarchiques
De nombreuses constructions se trouvent dans le lit majeur de la rivière et parfois même dans le lit mineur. Lors de la sécheresse des années 70, le marigot a fortement régressé en taille et des habitations ont été érigé dans les zones asséchées de celui-ci. Ensuite, avec le retour des pluies, le marigot a repris sa dynamique naturelle mais son lit a été fortement modifié par ces habitations. Celui-ci a été fortement rétréci en largeur et en longueur du fait des remblaiements notamment à l'aide de sable et il ne possède donc plus aujourd'hui sont lit naturel.
En période d'hivernage, cela entraine de nombreux problèmes d'inondations des habitations situées à proximité de son lit du fait de sa capacité de stockage des eaux très limitée et représente un grand risque sanitaire pour les populations avec une détérioration des conditions de vie et l'augmentation des risques face à certaines maladies (paludisme).
Des habitations continuent à être construite dans le lit du marigot malgré les inondations qui touchent la plupart des infrastructures riveraines du plan d'eau.
Conséquences : Eaux insalubres et turbides
Sur la quasi totalité du marigot, l'eau est de couleur verte et très turbide. On observe des proliférations d'algues ainsi que de nombreuses tâches noires de matière organique sur les bords de la rivière.
De plus, les eaux sont saumâtres c'est à dire fortement salinisées.
Cette eau peut être vecteur de maladies tels que la schistosomiase ou encore la leptospirose.
mercredi 28 avril 2010
Conséquences : Attaque des infrastructures par le sel
Le sel représente un fort risque d'effondrement pour les maisons se trouvant sur les bords du marigot . En effet, le sel ronge les briques situées à la base des maisons.
De plus, les habitations ne sont plus perméables aux eaux ce qui entraine des logements insalubres .
Remarque : les populations seront fortement exposées au paludisme dans ces zones.
Conséquences : Activité économique limitée
La pêche est très limitée dans le marigot du fait d'une eau non favorable au développement des poissons.
De plus, certains maraîchers ont du abandonner leurs terres du fait de l'intrusion des eaux marines et donc de la salinisation des terres et de l'eau. Sur la photo, on remarque un ancien puits de maraîchage.
Conséquences : Retrait et disparition des végétaux sensibles au sel
Sur la photo, on remarque les bois morts situés dans le marigot et également l'absence de végétation sur la rive droite de la rivière. Le milieu étant trop salinisé, les végétaux ne peuvent pas se développer.
De plus, on remarque que les ligneux s'éloignent du marigot et donc des milieux les plus salés afin d'assurer leurs développements.
Conséquences : Apparition et Prolifération des plantes tolérantes au sel
On peut citer l'exemple de Typha australis(Photo ci-dessus) qui est une plante envahissante et qui tend à coloniser la partie du marigot situé en forêt du fait de sa tolérance au sel.
De plus, la disparition et le retrait des végétaux sensibles au sel provoquent l'ouverture du milieu ce qui permet une installation plus facile des plantes tolérantes aux sels (absence de compétition).
Tamarix senegalensis et Melaleuca leucadendron sont également deux espèces halophiles.
Remarque : Même si ces espèces sont tolérantes au sel, une trop grande concentration de sel peut être néfaste pour celles-ci.
Potentialités du marigot
- La pêche : elle pourrait permettre une source d'alimentation pour les populations locales et ainsi être une solution pour lutter contre la pauvreté.
- Le maraîchage : les zones des Niayes possèdent un fort potentiel pour l'activité horticole (chou, pomme de terre, carotte, oignon, salade...)
- Opportunités écologiques : la présence du marigot permet un microclimat favorable aux populations locales (rafraîchissement des zones voisines du marigot) et également à la faune et à la flore notamment aux oiseaux.
- Activités nautiques tel que le kayak. En 2011, une compétition de Dragon Boat est organisée par Kayak Sans Frontières pour promouvoir la sauvegarde du Marigot (Informations sur http://www.kayak-sans-frontieres.org/objectif-mbao/)
Travaux
Des travaux sont en cours sur le marigot sous la direction des Bassins de rétention et des Lacs artificiels. L'objectif de ces travaux de restauration est de redonner une dynamique lacustre au marigot et ainsi permettre le retour de conditions favorables à son utilité sociale, économique et environnementale.
Ces travaux auront pour but de stopper les échanges existants entre l'Océan et celui-ci et de lutter contre l'assèchement du marigot. Pour celà, des berges de protection des eaux et un creusement du lit du marigot sont en cours de réalisation.
Une autoroute à péage est en train d'être construite et un pont permettra la traversée du marigot. Une étude d'impact environnementale a eu lieu afin de minimiser les impacts de celle-ci sur la forêt classée de Mbao et sur le marigot.
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